"Dans le cours des siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis. La première fois, ce fut lorsqu'elle a montré que la Terre, loin d'être le centre de l'Univers, ne forme qu'une parcelle insignifiante du système cosmique dont nous pouvons à peine nous représenter la grandeur. Cette première démonstration se rattache pour nous au nom de Copernic, bien que la science alexandrine ait déjà annoncé quelque chose de semblable.

Le second démenti fut infligé à l'humanité par la recherche biologique, lorsqu'elle a réduit à rien les prétentions de l'homme à une place privilégiée dans l'ordre de la création, en établissant sa descendance du règne animal et en montrant l'indestructibilité de sa nature animale. Cette dernière révolution s'est accomplie de nos jours, à la suite des travaux de Ch. Darwin, de Wallace et de leurs prédécesseurs, travaux qui ont provoqué la résistance la plus acharnée des contemporains.

Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique.

Les psychanalystes ne sont ni les premiers ni les seuls qui aient lancé cet appel à la modestie et au recueillement, mais c'est à eux que semble échoir la mission d'étendre cette manière de voir avec le plus d'ardeur et de produire à son appui des matériaux empruntés à l'expérience et accessibles à tous. D'où la levée générale de boucliers contre notre science, l'oubli de toutes les règles de politesse académique, le déchaînement d'une opposition qui secoue toutes les entraves d'une logique impartiale".

Freud, Introduction à la psychanalyse (1917)

« Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste », aurait dit Freud, à son arrivée à New York en 1909, en vue de statue de la liberté, emblématique du nouveau monde...

Cette phrase se fait l'écho de l'histoire mythique de la psychanalyse, depuis le scandale à Vienne de la découverte de la sexualité infantile (1895), jusqu'au fameux livre noir de la psychanalyse (2005).

Aux antipodes d'un idéal de guérison, si la peste apportée par Freud n'est donc pas une psychothérapie, de quoi peut-il donc bien s'agir?

Nous tenterons d'articuler cette question au travers de cinq rencontres :

• –  La psychanalyse et la douleur (4/02/2020)

• –  La psychanalyse et la liberté (11/02/2020)

• –  La psychanalyse et le regard (25/02/2020)

• –  La psychanalyse et la pulsion (03/03/2020)

• –  La psychanalyse et l'amour (10/03/2020)